LOUIS COQUILLET alias "René"

 Louis-Coquillet

6 mars 1921-17 avril 1942



Né à Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine), domicilié 53 boulevard Saint-Marcel à Paris (XIIIe).

Cheminot. Après de bonnes études primaires il réussit le “ concours des bourses ” et est admis comme apprenti à l’école des chemins de fer de Rennes. Il devient serrurier à la SNCF et pompier bénévole comme son père. Il fait partie de la société de gymnastique “ Les Vigilants ”. Il adhère aux Jeunesses communistes en 1938.

En septembre 1941 le commissaire Morellon perquisitionne à son domicile. Louis Coquillet parvient à enfermer le commissaire dans l’appartement et à prendre la fuite. Il sera condamné par défaut à douze ans de travaux forcés.

Il rejoint à Paris les combattants des Bataillons de la Jeunesse et de l’Organisation Spéciale.

L’acte d’accusation retiendra contre lui diverses opérations, auxquelles il participa au côté de Bourdarias et de plusieurs autres :

• 21 novembre 1941 : attentat contre la librairie allemande Rive Gauche du boulevard Saint-Michel (à l’angle de la place de la Sorbonne). Cette opération fut un modèle du genre. Elle se déroule à 7 heures du matin. Pierre Georges (futur colonel Fabien) a établi le plan d’action, Louis Coquillet en assure la direction, à la tête de plusieurs détachements des Bataillons de la Jeunesse composés de Toyer, Feferman, Touati, Bourdarias, Gueusquin, Raymonde Salez et conduits par Tourette, chargé de la protection. Deux grosses pierres sont lancées dans la vitrine, puis Tondelier et Gueusquin lancent leur bombe coup sur coup, pendant que Raymonde Salez [1] fait le guet. La police intervient et tire, mais le groupe de protection riposte et les policiers s’enfuient précipitamment. La librairie est dévastée : vitres brisées, matériel et stocks de livres de propagande détruits. Le Quartier latin est en joie.

• 26 novembre 1941 : attentat à la bombe contre la librairie militaire allemande située à l’angle de la rue de Rivoli et de la rue Cambon (Ier). Participent à cette action plusieurs détachements des Bataillons de la Jeunesse et de l’Organisation Spéciale, dont Bourdarias.

• 2 décembre 1941 : attentat contre un local du RNP (Rassemblement national populaire) situé boulevard Blanqui (XIIIe), avec Fabien et Bourdarias. Les dégâts sont importants, dira la police.

• 6 décembre 1941 : attentat boulevard Pereire (XVIIe) contre le lieutenant Rahl, lequel est grièvement blessé.

• 15 décembre 1941 : attentat contre un poste de la Feldgendarmerie situé à l’Hôtel Universel, rue de la Victoire (IXe).

• 17 décembre 1941 : incendie d’un camion de la Wehrmacht rue Mayran (IXe) avec Bertone et Touati.

• 18 décembre, 21 h 30 :
même opération rue Lamartine, à l’angle de la rue Buffault (IXe), toujours avec Bertone et Touati. Plusieurs camions sont détruits. Des soldats allemands tirent. Coquillet et Touati parviennent à s’échapper, mais Bertone se fait arrêter.

• Fin décembre 1941 : sectionnement d’un câble de transmission de la Wehrmacht dans le bois de Meudon avec Bourdarias.

• 3 janvier 1942 : attaque d’un local du RNP 11 bis rue de la Procession (XVe), avec Bourdarias, Gueusquin et quatre autres membres des Bataillons de la Jeunesse.

Louis Coquillet est arrêté le 3 ou 5 janvier 1942, au cours d’un contrôle de police dans un café situé à l’angle du boulevard Saint-Germain et du passage du Commerce (actuelle Cour du Commerce-Saint-André, carrefour de l’Odéon). On trouvera sur lui un cachet de cyanure qu’il avait pour consigne d’avaler pour ne pas tomber vivant aux mains de la police.
 
[1] Raymonde Salez (née aux Lilas le 6 mai 1918). Voici ce que raconte Charlotte Delbo, dans son livre Le convoi du 24 janvier (Editions de Minuit, 1965), à son propos : " Le 14 juillet 1941 : manifestation d’étudiants au Quartier latin : une petite jeune fille déplie soudain un drapeau tricolore, qui s’élève au-dessus des têtes, boulevard Saint-Michel. Celle qui tient le drapeau, c’est ‘Mounette’. Les agents l’arrêtent. Elle passe vingt-quatre heures au commissariat et elle est relâchée. " Elle change aussitôt de domicile ; " avec son groupe de jeunes FTP elle prend part à l’attaque de la librairie allemande au coin du boulevard Saint-Michel et de la place de la Sorbonne au début de 1942 ". Raymonde était la fiancée de Robert Gueusquin, qui lors de l’attaque de la librairie Rive Gauche, a lancé l’une des deux bombes ; l’autre a été lancée par Tondelier.

" Le 18 juin 1942, au moment où elle rentrait chez elle au retour d’une mission en zone occupée, elle est arrêtée par les Brigades spéciales. Tous les dirigeants de ce groupe FTP ont été pris ce jour-là. Les garçons ont été fusillés au Mont-Valérien le 11 août 1942. " Seul Robert Gueusquin, dit Bob, avait échappé à la vague d’arrestations. " Mounette a quitté le Dépôt pour Romainville le 10 août 1942, Romainville pour Compiègne et Auschwitz le 22 janvier 1943. (…) Mounette marchait en tête de la colonne que nous formions quand, à la descente du train, au matin du 27 janvier 1943, nous avons gagné le camp. (…) C’est elle qui a entonné la Marseillaise, que toutes les autres ont reprise. La première et la seule fois que des femmes sont entrées à Birkenau en chantant… "

Mounette est morte, victime de mauvais traitements et d’épuisement, le 9 mars 1943.

Bob sera fusillé le 9 juillet 1943 au champ de tir d’Issy-les-Moulineaux.