Maman, papa chéris,

Vous saurez la terrible nouvelle déjà quand vous recevrez ma lettre. Je meurs avec courage. Je ne tremble pas devant la mort. Ce que j’ai fait, je ne le regrette pas si cela a pu servir mon pays et la liberté !
Je regrette profondément de quitter la vie car je me sentais capable d’être utile. Toute ma volonté a été tendue pour assurer un monde meilleur. J’ai compris combien la structure sociale actuelle est monstrueusement injuste. J’ai compris que la liberté de vivre, ce que l’on pense, n’est qu’un mot et j’ai voulu que ça change. C’est pourquoi je meurs pour la cause du socialisme. J’ai la certitude que le monde de demain sera plus juste, que les humbles et les petits auront le droit de vivre plus dignement, plus humainement.
Je suis sans haine pour les Allemands qui m’ont condamné et je souhaite que mon sacrifice puisse leur profiter aussi bien qu’aux Français. Je garde la certitude que le monde capitaliste sera écrasé, que l’ignoble exploitation cessera. Pour cette cause sacrée, il m’est moins dur de donner ma vie.
Je suis sûr que vous me comprendrez, papa et maman chéris, que vous ne me blâmerez pas. Soyez forts et courageux. Mon coeur est plein de tendresse pour vous et déborde d’amour. Maman chérie, je t’aime comme jamais je ne t’ai aimée. Je sens maintenant tout le prix de l’oeuvre que tu as entreprise en Haïti. Papa chéri, toi qui es un homme fort, console maman. Sois très bon en souvenir de moi. Maman Dédé chérie, tu as la même place dans mon coeur que maman. Tous, vivez en paix, ne m’oubliez pas. Je vous embrasse bien fort comme je vous aime.

TONY